Une crise sanitaire sans précédent: le sang contaminé.

Par Eric Françonnet le 4 octobre 2013

Les chiffres effarants parlent d’eux-mêmes : 4 000 transfusés et 1 205 hémophiles victimes du sang contaminé. Une affaire dont le dénouement a eu lieu en 2003 mais qui a laissé de nombreuses séquelles tant physiques que morales. Le scandale du sang contaminé éclate en avril 1991, lorsque L’Evénement du jeudi publie un rapport prouvant que de 1984 jusqu’à fin 1985, le Centre national de transfusion sanguine a sciemment écoulé du sang potentiellement porteur du virus du Sida.

Sur le plan sanitaire, le VIH venait d‘être découvert aux prémices de cette décennie, d’où des incertitudes. La réaction des pouvoirs publiques fut lente face à un risque de contamination par le VIH détecté dans certains lots de sang. La première prise de décision sanitaire à noter est un arrêté du 23 juillet 1985, imposant le dépistage systématique du virus du SIDA et interdisant la transfusion de produits non chauffés. Mais des stocks de sang contaminé, par pure préoccupation pécuniaire, continuèrent à être écoulés jusqu’à l’automne de cette année-là. La pléthore de dysfonctionnements inhérents à la distribution du sang conduit à une refonte de l’administration sanitaire de manière à augmenter la fiabilité des produits de santé dans le souci de mieux préserver les populations.

Sur le plan pénal, deux responsables du CNTS, dont son directeur, le Dr Michel Garretta, sont condamnés à de la prison ferme en 1992. Côté politique, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius et les ex-ministres Georgina Dufoix et Edmond Hervé comparaissent en 1999 devant la Cour de justice de la République pour homicide involontaire, ce dernier étant reconnu coupable mais dispensé de peine. Le « responsable mais pas coupable » de Georgina Dufoix indigne familles et victimes qui crient haro sur des verdicts qui dédouanent les accusés dans un procès où qui plus est ils n’ont pas leur mot à dire. Ultime volet pénal de l’affaire le 18 juin 2003, sur un non-lieu général de la Cour de cassation qui entraîne la relaxe de la trentaine de conseillers ministériels et médecins poursuivis depuis 1994.

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