Le business des laboratoires pharmaceutiques

Par Dr François-André Allaert le 4 octobre 2014

Régulièrement, les journaux font la une sur les « scandales » de l’industrie pharmaceutique que ce soit en termes d’accidents médicamenteux ou de manque de clarté dans les relations financières.

Ces faits existent mais à côté de ces anomalies qui doivent être sanctionnées, le discrédit général porté sur l’industrie du médicament n’est pas justifié car c’est sans doute, et heureusement, l’un des domaines les plus sévèrement encadré.

La pharmacovigilance est une réalité et tout un dispositif est mis en place en France comme à l’étranger pour dépister les accidents thérapeutiques et l’affaire du Médiator, en montrant les faiblesses du dispositif antérieur,  n’a fait que renforcer les contrôles actuels. Ceci étant, tout médicament est potentiellement dangereux et c’est pourquoi il doit être strictement utilisé dans son indication et non pas dévoyé ou mal utilisé. Tout l’enjeu réside dans le rapport entre le bénéfice et le risque pour la personne et c’est hélas une notion statistique. Un risque d’un pour 10 000 est un risque faible mais il ne signifie pas que lorsqu’on prend le produit on a « une chance sur 10 000 » d’avoir un problème. Cela signifie que sur 10 000 personnes qui le prennent, une d’entre elles fera un accident mais à titre individuel on ne peut pas prévoir : la personne fera ou non l’accident. Par ailleurs, il ne faut pas oublier les millions de vie sauvées chaque année par les médicaments. Les antibiotiques sont par exemple régulièrement au cœur des débats mais n’oublions pas que la première cause de mortalité était il n’y a pas si longtemps encore les maladies infectieuses qui décimaient brusquement sous forme d’épidémie, des centaines de milliers de personnes en quelques jours… Espérons que le virus Ebola ne nous ramène pas bientôt à une dure réalité.

Le second élément est l’aspect financier. Oui c’est vrai, le médicament est vendu et les industries pharmaceutiques ont vocation à faire de l’argent. Par ailleurs c’est aussi cette possibilité de faire du profit qui pousse les investisseurs à rechercher de nouveaux médicaments et qui permet aux industriels de ré-investir dans la recherche. Sans cette rentabilité, la recherche scientifique privée risque fort de ne plus être productive et on ne verra plus apparaître de nouveaux médicaments… C’est d’ailleurs un peu ce qui se produit actuellement. Bien sur, on pourrait se dire que la recherche publique pourrait les produire, mais à ce jour, rares sont les produits  issus de la recherche universitaire : faute de moyens ?Manque de motivations ?  Il ne m’appartient pas d’en juger.

Par ailleurs, oui c’est vrai les relations entre médecins et industries pharmaceutiques n’ont pas toujours été aussi claires que souhaitables mais là encore ne faisons pas de quelques déviances la règle. De nombreux textes sont venus encadrer ces relations et notamment la LOI n° 2011-2012 du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé qui a imposé la transparence dans ce domaine. Son décret d’application en date du  21 mai 2013  a imposé une obligation de publication des relations d’intérêts que les entreprises entretiennent avec les autres acteurs du monde de la santé, notamment les professionnels de santé, les associations, les sociétés savantes et la presse; et vous pouvez consulter ces liens financiers et leur importance sur  www.transparence.sante.gouv.fr.

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