Cinq malades célèbres, cinq destinées hors du commun !

Par Eric Françonnet le 4 septembre 2013

Handicapés par une pathologie chronique ou un accident, ils ont surmonté, voire sublimé leurs défaillances, pour s’illustrer dans des registres variés. Découvrons maintenant cinq d’entre eux qui ont en commun la musique.

Grand Corps Malade : des planches de basket à celles de la scène

Il se destinait à enseigner le sport, excellant en particulier dans le basket. Mais en été 1997, le jour de ses vingt ans, alors qu’il anime une colonie de vacances, un mauvais plongeon dans une piscine en décide autrement. Vertèbres en bouillie, corps fracassé :  Fabien apprend  très vite qu’il ne remarchera peut-être jamais. Une détermination sans faille et une année de rééducation intense et le jeune homme, appuyé certes sur des béquilles et bancal, se tient debout.

Sa rencontre avec le slam a lieu en 2003  et il devient Grand Corps Malade (GCM), allusions à son handicap, mais aussi à sa taille, 1,94 m.

C’est le coup de foudre : GCM aime le slam et le slam l’anime. Il fait son apprentissage sur scène avant de sortir, en mars 2006, son premier album, qui se vendra à plus de 60 000 exemplaires et dans la foulée il remplit La Cigale à Paris. Son histoire suscite une sincère émotion, la force tranquille qu’il arbore rassure et force l’admiration. Il s’estime gâté d’être en vie. Et d’avoir trouvé sa voix et sa nouvelle voie par la même occasion.

Par son aura, Grand Corps Malade démocratise le slam. En mars 2007, à peine un an après la sortie de son premier album, il fait coup double en obtenant deux victoires de la musique. Le satellite GCM est en orbite et s’ensuit un second album.

Grégory Lemarchal : l’étoile filante à la voix d’ange

A l‘automne 2004 s‘ouvre la 4ème édition du show télévisé Star Academy censé détecter des jeunes talents. Rapidement, un visage de poupon s’impose,.celui de Grégory Lemarchal âgé de pourtant 21 ans. Il est au dessus de la mêlée grâce à sa voix qui monte aussi bien dans les aigus qu’elle descend dans les graves : il réussit ainsi à couvrir quatre octaves. Pourtant, il est atteint d’une maladie qui à contrario de ses performances scéniques devrait réduire sa capacité vocale : la mucoviscidose (maladie génétique qui se caractérise par un excès de mucus dans les muqueuses du nez, de la gorge, des poumons et de l‘œsophage). Mais il fait le maximum pour faire oublier sa maladie au public, le dépassement de soi étant son credo.

Le jeune Grégory devient la révélation de l’édition 2004 qu’il remporte aisément et acquiert au fil des semaines une popularité grandissante non seulement auprès des jeunes filles mais aussi de leurs aînées. Un premier album s’ensuit qui sera double disque d’or. Après sa première tournée à guichets fermés, Grégory prépare son second album mais la maladie ne l’a hélas pas oublié : il meurt le 30 avril 2007, des suites d’une complication de sa mucoviscidose.

Beethoven : le compositeur de génie sans ouïe

Quel est le comble le plus désastreux pour un musicien que de devenir sourd ? C’est  pourtant la situation dramatique dans laquelle va être plongé le célèbre compositeur-interprète allemand Ludwig Van Beethoven aux prémices de ses 20 ans.

Né en 1770, Ludwig montre avec précocité des prédispositions pour le piano. Très vite, ses talents d’interprète le propulsent à Vienne pour jouer au milieu des plus grands à la cour. Son ouïe va se détériorer de façon inéluctable et grandissante à partir de 1790. Il est ainsi totalement  sourd lorsqu’il compose l’universellement célèbre 9ème symphonie, aujourd’hui devenue Hymne de l’Union Européenne. Il laissa à la postérité près de 500 œuvres achevées ! Il meurt en 1827. Plus de 20 000 personnes assistent à ses funérailles

On ne connaît pas l’origine de la surdité de Beethoven (les supputations sont multiples), les recherches médicales sur cet handicap étant ténues à l’époque et  nos ORL d‘aujourd’hui,  spécialistes de l’oreille et de la gorge, alors inexistants

Edith Piaf : « la môme » invalidée par la polyarthrite

Edith Piaf connaît une enfance qui est loin d’être idyllique. Autre souci majeur : « la môme » grandit peu. A l’âge adulte, elle atteint à peine 1,47 m. Ce qui rend d’autant plus magistrale la portée de sa voix.. Pourtant, un fléau l’accable qui finira par prendre le dessus sur sa pugnacité : la polyarthrite rhumatoïde.

Cette maladie s’attaque aux articulations et provoque des douleurs et des déformations. Sa gravité et son évolution sont variables. A cette affection lourde, viennent s’ajouter plusieurs accidents de voiture, qui rendent encore plus vulnérables  son corps. Plusieurs opérations chirurgicales sont nécessaires pour la sauver. Pour se tenir debout, la chanteuse a, pour seul traitement jugé approprié à l’époque, des injections de morphine. Rapidement, la dépendance s‘installe. De plus ce médicament est non seulement une drogue, mais il détruit aussi insidieusement l’organisme. Ce n‘est donc pas une surprise que ce soit un abus de morphine et d’alcool qui emporta Edith Piaf en octobre 1963, à l’âge de 47 ans.

Si Edith Piaf donna toujours l’impression de l’air chanter « avec ses tripes », c’est peut-être justement à cause de toutes les souffrances qu’elle endura imputables tant à ses blessures morales que physiques. »Si je ne chante pas, je meurs » était l‘un de ses adages coutumiers. Comme si,  malgré les piqûres de morphine indispensables avant d‘éblouir le public, cette seule perspective lui permettait de se transcender. Pour preuve ultime de sa volonté de sans cesse se dépasser, il lui est arrivé plusieurs fois de s’écrouler sur scène.

Michel Petrucciani : le petit bonhomme aux doigts d’or

Michel naît en 1962 en France et l’on détecte rapidement chez lui un problème de santé : il montre une croissance défaillante, est chétif, ses os se brisent incroyablement facilement. Le diagnostic est clair : ostéogénèse imparfaite plus connue sous le nom de « maladie des os de verre ». Cette maladie entraîne des fractures nombreuses, une fragilité aux poumons et, dans le cas de Michel Petrucciani, une très petite taille. Seules ses mains s’apparentent à celles d’un adulte, ce qui lui permet donc d’explorer son talent pour le piano.

Son cœur bat pour le jazz et il va réussir à s’y frayer un chemin, surmontant ainsi son handicap, et à être reconnu rapidement  comme un pianiste virtuose. Cependant son ostéogénèse imparfaite lui cause quelques soucis : ses jambes trop petites sont si  éloignées des pédales qu’il lui faut un instrument adapté. Parfois, il est si fragilisé qu’il est nécessaire de le porter jusqu’au piano avant le concert et le ramener dans sa loge à la fin du récital. A 18 ans, déjà célèbre et suscitant aussi bien l’admiration du grand public que la reconnaissance de ses pairs, il part vivre aux Etats-Unis, où il consolidera sa notoriété dans le milieu du jazz.

Le pianiste virtuose finit par s’éteindre en 1999, à l’âge de 36 ans, éreinté et emporté par une infection pulmonaire.

 

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Commentaires

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  • Anne-Charlotte Murgue le 12 septembre 2013 à 18:57

    Très bel article avec une belle écriture, merci à toi Eric pour Greg, le souvenir est toujours là et nous nous battons tous les jours pour que plus jamais la maladie nous arrache à ceux qu’on aime.

    Une pensée à tous aussi Ludwig, Edith, Michel et Grand Corps Malade.