Une mutuelle pour tous! Vraiment ?

Par Guillaume Varinot le 29 novembre 2013

Le titre de cette soirée débat qui se tenait ce jeudi 27 novembre à Dijon est plutôt évocateur: « Une mutuelle pour tous ! Vraiment ? »… On serait même tenté de rajouter un « AH OUI, vraiment ? ».

Les dépenses courantes de santé représentaient en 2012, 243 milliards d’euros, soit 12% du PIB. 75% de ce montant est consacré à la consommation de soins et de biens médicaux, soit 183 milliard d’euros; ce qui représente 2806€ par habitant. Nous sommes d’accord, cela représente un vrai budget pour les foyers français. Le problème est encore ailleurs: le reste à charge. Entre les dépassements d’honoraires, la participation forfaitaire, les franchises médicales (et sans oublier le coût d’une assurance complémentaire), le Haut conseil pour l’Avenir de l’Assurance Maladie (croisons les doigts) a estimé que 30% des assurés avaient eu un reste à charge supérieur à 500€ en 2011. Et face aux récentes études mettant en lumière le fait que près de 50% des français ont déjà refusé des soins pour raison financière, il était temps de faire quelque chose.

C’est ainsi qu’en 2016, la généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés ne bénéficiant pas d’une couverture collective à adhésion obligatoire sera imposée. Plusieurs questions se posent alors:

  • quel sera le coût pour l’état ? Estimation de la nouvelle mesure: 2,5 milliards d’euros pour les finances publiques.
  • Cette mesure sera-t-elle source d’inégalités sociales ? Selon la Mutualité Française, il y a effectivement un risque de « distorsion entre les personnes inclues dans le dispositif (les salariés) et les personnes qui en sont exclues (chômeurs de longue durée, jeunes, précaires, …) ». Un système de santé à deux vitesse ?
  • Et si la couverture minimale prévue n’est pas suffisante ? Les salariés pouvant s’offrir une « surcomplémentaire santé » seront parés à toute éventualité. Les autres … Vous m’avez compris.

Pour éclairer notre lanterne, nous avons demandé à Yann Lecomte, Président du CISS Bourgogne et donc représentant des usagers, ce que lui attendait de la généralisation de la complémentaire santé:

« Pour l’instant il semblerait que nous n’ayons franchis qu’une étape, celle de la généralisation des complémentaires pour les salariés. Sa mise en œuvre est prévu pour 2016 et l’objectif annoncé du Président Hollande est qu’à l’horizon 2017 la complémentaire santé soit généralisée pour tous. Jusque là nous aurions a priori tout lieu d’être satisfaits. Nous pouvons donc penser que la réflexion continue pour s’occuper des oubliés de cette première étape : les étudiants, les retraités, les chômeurs, etc. Nous aurions préféré que la démarche commence par une redéfinition de ce qui dépend de la solidarité nationale et ce qui est du ressort de la complémentaire santé, en revenant particulièrement sur l’optique, l’orthodontie par exemple. Par ailleurs, cette généralisation annoncée pour les salariés pose quelques problèmes, en particulier l’apparition d’un socle de prise en charge par les nouvelles complémentaires santé entreprise (qui deviendront donc obligatoires) en deçà de celles des contrats individuels actuels pour certains. Ne va-t-on donc pas voir arriver de nouveaux contrats de sur-complémentaires pour pallier à ce déficit? Une grande concertation impliquant les différents acteurs relative à la redéfinition du socle de la prise en charge par l’assurance maladie qui concernerait cette fois tous les citoyens nous semble nécessaire pour créer les bonne bases d’un nouveau système qui réintègre plus de solidarité, et bien entendu la réflexion doit également comprendre son financement.  Le régime de base ne doit pas (et c’est un peu notre peur) petit à petit disparaître au profit des organismes qui gèrent les complémentaires,  il doit  garder son optique de solidarité nationale. »

Des espoirs donc. A retravailler.

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