Crainte du Covid 19 : Où sont les « autres malades » ?

Par Yann Lecomte le 10 avril 2020

 

Auteure : Amandine IBLED

 

La peur de contracter le Covid-19 pousse de nombreux patients à ne plus consulter leur médecin généraliste ou à se rendre aux urgences. Les conséquences d’un manque de suivi pourraient être dramatiques.

Les patients atteints d’une maladie chronique ou de troubles psychiatriques, les femmes enceintes et les jeunes enfants, les personnes nécessitant une intervention chirurgicale urgente, mais également les prises en charge médicales qui ne peuvent être différées comme la cancérologie par exemple, ont besoin de garder un suivi régulier dans leur traitement. Or, les médecins généralistes et les spécialistes constatent une baisse de fréquentation respectivement de 40 et 70%. « C’est une deuxième crise sanitaire qui se profile… », s’inquiète le docteur Caroline Pharaboz, médecin généraliste à Talant (21).

Si une partie de notre vie semble en suspens, les maladies chroniques et autres problèmes de santé, eux, n’ont pas disparu par la simple omniprésence du coronavirus. Reste que la peur de contracter le Covid 19, bien présente, pousse nombre de malades à renoncer à leurs médecins. Des cabinets désertés. Des services d’urgences moins saturés. Où sont passés les malades ? « Cette semaine, j’ai eu moitié moins de consultation que d’habitude, et mes confrères font le même constat. », remarque le docteur Caroline Pharaboz. Pour le médecin, « outre la peur du Covid-19, la désertion des cabinets de médecine est aussi la conséquence d’une communication inadaptée : il a été dit de ne consulter qu’en cas d’urgence. Résultat : certains patients n’osent plus prendre rendez-vous. »

Face à ce constat alarmant, l’Union Régional des Professionnels de Santé Médecin libéral en Bourgogne Franche-Comté lance un appel aux patients afin qu’ils ne renoncent pas à leurs soins. Même message du côté des spécialistes pour les cas d’urgences : la Société Française de cardiologie et la Société Française de neurologie vasculaire souhaitent rappeler à la population qu’« en cas de symptômes évocateurs d’infarctus du myocarde (douleur thoracique le plus souvent, parfois sensation de manque d’air, tant à l’effort qu’au repos, palpitations, malaise) ou d’accident vasculaire cérébral (apparition soudaine d’une faiblesse d’un membre ou de la face, d’un trouble de la parole, d’un trouble de la vision, ou d’un trouble de l’équilibre), il faut impérativement continuer d’appeler le 15 ! »

Des conditions d’accueil sécurisées

Que ce soit à l’hôpital ou en cabinet médical, les personnels soignants ont adapté leur organisation afin de recevoir leurs patients en toute sécurité. Tout est prévu pour que les malades suspects Covid-19 soient reçus à part. Les jouets et revues des salles d’attente ont été enlevés et tout est désinfectés après chaque passage. Pour les cas où la consultation présentielle n’est pas indispensable, et pour les patients qui ne parviendraient pas à surmonter leur peur de se déplacer, la téléconsultation permet de maintenir le lien entre médecin et patient. « C’est une alternative intéressante. D’autant plus que les modalités de prise en charge pour les téléconsultations sont passés à 100% », précise Caroline Pharaboz, qui traite entre 5 et 6 appels par jour, soit 25% de sa patientèle.

 

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