La médecine du travail en voie de disparition…

Par Dr François-André Allaert le 7 avril 2011

Exercer la médecine du travail est un exercice difficile dans lequel le praticien doit parfois louvoyer entre les pressions potentielles des employeurs comme des salariés. Son rôle est souvent mal compris mais comme trop souvent c’est lorsqu’il sera moins présent qu’on se dira qu’il était utile, voire même qu’on le regrettera.

Cette spécialité médicale  est en effet en voie de disparition, il n’y a pour s’en rendre compte que de lire les nombreuses offres d’emplois où ils sont demandés. Ils sont aujourd’hui 6500 pour prendre en charge 16,5 millions de salariés du privé et 600 postes sont d’ores et déjà vacants. Ceci s’aggravera dans les prochaines années car leur moyenne d’âge est de 55 ans et on estime que 4000 seront partis à la retraite d’ici 5 à 10 ans.

Pour compenser ces départs à la retraite, seulement 100 postes de formation sont ouverts dans les facultés de médecine, cherchez l’erreur…Certes pour compenser leur raréfaction, des textes récemment votés prévoient que d’autres professionnels de santé puissent intervenir pour « prévenir les risques de santé » dans l’entreprise. Outre la formation requise qui ne sera sans doute pas au rendez-vous, les textes ne prévoient pas qu’ils disposent d’un statut de salarié protégé comme les médecins du travail. Ce statut leur permet, au nom de la déontologie médicale, de protéger leur indépendance de décision à l’égard de la société qui les emploie.

L’accès aux soins se réduirait-il aussi en entreprise ? Seule avancée intéressante des textes, le médecin du travail se voit impliqué plus avant dans la gestion des risques. Mais faute de temps, n’est-ce pas là  une façon de le rendre co-responsable d’un domaine où il aura finalement peu de moyens d’agir.

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