Comme si l’affaire Mediator n’avait pas suffit!

Par Dr François-André Allaert le 4 janvier 2015

Un nouveau médicament de lutte contre l’obésité vient de sortir. Il ne résulte pas de la découverte d’une nouvelle molécule mais de l’association de deux produits déjà existants : le  naltrexone, utilisé pour traiter la dépendance à l’alcool et aux opiacés, et le bupropion, prescrit comme antidépresseur et pour arrêter de fumer. Ce traitement ne sera disponible que sur prescription et devrait être réservé aux adultes obèses ou en surpoids, dès lors qu’ils ont d’autres facteurs de risque cardiovasculaires tel qu’une hypercholestérolémie ou une hypertension.

Le problème est que d’une part l’agence européenne du médicament indique  « des incertitudes subsistent en ce qui concerne les résultats cardio-vasculaires à long terme », ce qui est quand même paradoxal pour un produit qui vise aussi à réduire le risque de mortalité cardiovasculaire,  et surtout que la population potentiellement concernée par ce produits est énorme si on le prescrit aux personnes en surpoids avec un facteur de risque cardiovasculaire. Rares sont en effet les personnes qui entrent dans la soixantaine sans un excès de poids et un facteur de risque cardiovasculaire. Chez eux je trouve que le bénéfice/risque n’est pas favorable tant que l’on n’a pas de suivi supplémentaire. On aurait du le limiter dans un premier temps aux obésités sévères qui, elles, constituent un danger sévère pour les personnes qui en sont atteintes.

Si  l’on traite des centaines de milliers de personnes, même si le risque est faible en fréquence, de nombreuses personnes en seront atteintes et ce sera dommage de voir a posteriori qu’elles n’avaient que quelques kilos à perdre et un peu trop de tension ou de cholestérol, deux facteurs de risque qui auraient d’ailleurs pu disparaitre en perdant un peu de poids. Si j’étais vous je ne prendrais pas le risque !

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